« La culture c’est ce qu’il reste lorsqu’on a tout oublié. »
Mais pas lorsqu’on a trop oublié!

En résumé, en cette période du 150 ème anniversaire de l’abolition de l’esclavage, on nous dit que le débat sur l’esclavage n’a plus lieu d’être, car ce fut un phénomène universel aussi vieux que la société humaine elle-même (il suffit de se rappeler les différentes civilisations qui la pratiquaient), que quelque part nous avons tous eu un ancêtre esclave ou maître, qu’il est donc ridicule que l’Occident demande pardon aux dizaines de millions d’êtres humains concernés, surtout que le même Occident a été à l’avant-garde de l’abolition de l’esclavage.
On conclue qu’il faudrait ranger au rang des fantasmes « la dette esclavagiste » et sa compensation, d’autant plus que maîtres et esclaves se sont mélangés, depuis.
Bien. Il est à noter aussi que, selon eux, les derniers à pratiquer l’esclavage furent l’Arabie et la Mauritanie.

Le problème c’est que cette logique est émaillée de contrevérités historiques, il est diffamatoire à l’endroit de l’Islam et du Coran, il est moqueur envers les souffrances qu’ont dû endurer des hommes et des femmes d’Afrique tout autant que les effets mutilants de l’esclavage et son corollaire raciste, sur les générations postérieures.
Au niveau de l’Histoire, rien n’est plus faux que d’affirmer que le type d’esclavage pratiqué en Occident (Etats-Unis et Europe) fut pratiqué de tout temps et par toutes civilisations. En effet l’esclavage existe depuis la nuit des temps. Ce fut une époque où c’était même une mesure « humanitaire »!
Je m’explique. Auparavant après les guerres, il fut d’usage de tuer tous les survivants ennemis.
Puis on prit conscience que l’on pouvait bénéficier, là, de « main d’oeuvre » gratuite, alors on institua l’esclavage, épargnant, par la même, la vie des prisonniers de guerre, blancs, noirs ou jaunes. Les esclaves provenaient donc de prisonniers de guerre. Ces personnes pouvaient d’ailleurs souvent être libérées, se racheter, voire se marier avec leur maître, donc s’émanciper.
Donc, « tant qu’il y avait de la vie, il y avait de l’espoir… »

Voilà, résumé, l’esclavage pratiqué par les civilisations anciennes, et ceci est confirmé par d’illustres historiens. L’esclavage y fut donc un fait relevant de l’ordre économique, résultant du travail. Cela est bien clair, et, historique.

Mais AUCUNE de ces civilisations n’avaient établi l’esclavage sur des critères RACIAUX, comme ce fut le cas en Occident!
Cela, aussi, est historique.
Aucune ne leur avait donné ce caractère exécrable d’une SERVITUDE PERPéTUELLE: en Occident l’esclave appartenait à son maître, toute sa vie, lui, ses enfants et toute sa descendance, POUR TOUJOURS!!
Cela fut « sanctifié » par Le fameux Code Noir le 17 mars 1685, qui fut tout, sauf l’expression d’une aspiration abolitionniste.

Aucune de ces anciennes civilisations sus-nommées, n’a évoqué une exégèse tendancieuse des Ecritures pour se donner bonne conscience: telle que celle qui dit que la race noire fut maudite par Dieu à travers le mythe biblique de Canaan à Cham (Génèse 5/32, 6/10, 7/13,9/18-25, 10/5, etc).

Aucune de ces civilisations n’ont eu leur « père Bartolomé de Las Casas » pour rappeler qu’il fallait DES NOIRS d’AFRIQUE comme esclaves pour aider les pauvres colons américains, car il lui semblait odieux d’exploiter ainsi…les Indiens…Mais les noirs, descendants de Cham, sont eux prédestinés, selon les Ecritures, à la servitude. Las Casas (entre autres), donna ainsi une justification à l’abominable exportation vers toutes les colonies occidentales. Il y eut aussi des bulles papales.

Voilà, très succinctement, les différences. L’esclavage pratiqué alors par l’Occident procédait d’une idéologie de la supériorité raciale.
Et nous sommes là, très, très loin des pratiques antiques. L’esclavage fut en Occident pratiqué selon un critère ethnique: une faveur réservé aux noirs!

Rien n’est plus faux que d’affirmer que l’Occident ait été à l’avant-garde de l’abolition de l’esclavage tout comme affirmer que « l’abolition » réclamée par l’assemblée française en 1794 fut déterminante et « révolutionnaire ». Il convient d’établir une distinction entre la Traite et l’esclavage.

1) la dite assemblée avait aboli l’esclavage mais pas la traite (le commerce d’esclave). Cela n’eut donc aucun effet sur le sort des malheureux extirpés d’Afrique pour améliorer le confort et l’économie des colons. La traite continua donc de plus belle. La première loi française à son encontre est datée d’avril 1818.

2) outre des raids esclavagistes au coeur de l’Afrique, l’Europe provoquaient les guerres tribales en Afrique en excitant et armant les indigènes. Sachant que ces « guerres » leur ramènera leur lot de prisonniers pour remplir leurs navires négriers qui attendaient en rade.
Toutes leurs expéditions étaient accompagnées, depuis l’Europe, de trafiquants d’esclaves. Pourquoi? Pour prôner l’abolition???

3) La traite négrière ne prit fin que par un processus graduel procédant lui-même d’un faisceau d’éléments, moraux, économiques, stratégiques etc, qu’il est impossible d’exposer dans ces quelques lignes.

Non, ni en 1794, ni le 1er janvier 1849, les colons ne se sont pas mis à embrasser leurs « frères esclaves ». Et tous savent pourquoi.

Si les personnes d’origine africaines ne sont pas en droit, selon certains, de demander et obtenir réparation des séquelles, des abus, des viols de leur corps comme de leur conscience, alors, pour le moins l’Occident DOIT se repentir d’avoir menti sur Dieu, et demander pardon.

Sinon, soit l’enseignement du Christ fut vain, soit bien des églises doivent être fermées, car Jésus (Paix sur lui) dit clairement en Matthieu 5:23 et Marc 11:25: « si tu as offensé ton frère, tu dois t’excuser d’abord, avant de venir à l’autel (église) ».

Et j’ajoute que cela relève d’une certaine logique: on ne peut pas aller vers Dieu et aimer Dieu que l’on a jamais vu, ET, abuser de son prochain que l’on voit chaque jour!

Car, sans chercher la controverse, des questions se posent tout de même à l’Occident:
Quand vont-ils se repentir d’avoir menti sur Dieu?
Car Dieu n’a maudit personne dans les extraits de la Génèse cités, c’est Noé qui l’a fait, et selon la Bible, il était ivre…
Quand vont-ils se repentir d’avoir forcé des esclaves à se prostituer, à changer de religion?
Quand vont-ils rendre aux africains et aux indiens d’Amérique au moins la moitié de leur terre volée, ainsi que l’or et les diamants extraits, vu que la Bible dit « tu ne voleras point »?

Le pardon ne s’exige, ni ne s’impose, il se mérite. Et comme je l’ai dit, le moindre des mérites c’est de demander le pardon, collectivement. D’autres peuples ont eu droit à des excuses officielles de l’Etat récemment, pourquoi pas tous les français (au moins) qui ont une origine africaine, qu’ils soient ce jour, noirs, blancs, ou jaunes?
Ainsi, bien des questions restent en suspens.

Par ailleurs, il est parfaitement faux d’affirmer qu’après 1848, la traite continua par l’intermédiaire d’autres noirs mercantilistes, c’est ignorer la cause première (la demande), mais je risque d’être trop long.

Il est faux de dire que l’Arabie fut la dernière destination de la traite négrière: c’est voir l’Histoire avec un microscope. L’infâme négoce continua jusqu’en 1873, à destination de Cuba (colonie espagnole), et au moins jusqu’en 1888 à destination du Brésil (colonie…portugaise). Lire utilement « La traite des esclaves dans les Caraïbes et en Amérique latine » de José Luciano Franco, in Hist. Gén.,Unesco, p.105 à 107.
Sans mettre en doute l’intégrité intellectuelle de quiconque, il convient néanmoins, de se souvenir que ce que nous savons de la partie africaine des trafiquants, nous est bien souvent rapporté par des européens qui furent rarement sans préjugés: c’est pour cela que beaucoup d’études sur le sujet sont illustrées de marchands noirs ou arabes, que la religion de tout ce qui n’était pas chrétien, était forcément décrite comme païenne ou animiste, etc. Des documents récemment retrouvés permettent de rectifier bien des déformations (voir, entre autres, l’étonnant livre du Dr Edward W. Blyden, prêtre et missionnaire noir et témoin occulaire, « Christiannity, Islam, and the African race », U.S. , Edingburg Princeton University Press).
Certains « spécialistes » veulent faire avaler aux lecteurs que si le terme « cafre » tire son origine du mot arabe « Kafir » (incroyant), cela prouverait bien le rôle marchand actif des arabes dans l’établissement de l’esclavage, traduire: c’est pas nous, c’est eux. Il faut bien se donner bonne conscience comme on peut.

Voyons ce terme « cafre » à la lumière de l’Histoire. Avant de pointer l’index vers les arabes, il faut s’assurer de la justesse et de l’impartialité de ses propos. Précautions élémentaires qui ont échappé à chers « spécialistes ». L’Histoire contredit cette version réductrice des faits.
Selon les navigateurs portugais qui ont du combattre les arabes et les musulmans africains de la côte Est de l’Afrique, les arabes furent en Afrique depuis l’an 700. L’influence islamique est là depuis l’an 700. Bien des cartes anciennes de l’Afrique tirent leurs origines des géographes arabes. Et sur ces cartes, francisées, de vastes régions d’Afrique sont appelées « Pays des Cafres » (traduire: pays des incroyants). Il s’agissait donc tout simplement d’une appellation géographique BIEN ANTÉRIEURE à l’esclavage « moderne » (raciste) de l’Europe. Ces derniers ont tout simplement repris une appellation arabe certes, mais PRÉ-existante, pour dénommer ces peuples d’Afrique. Les arabes, eux-mêmes ont une origine africaine! Ceci explique aussi pourquoi l’Islam fut et est toujours solidement implanté en Afrique, pourquoi 80% des esclaves importés au Brésil étaient musulmans, 50% pour les USA; pourquoi la colonie portugaise alors du Mozambique porte le nom latinisé de son ex-chef musulman africain Moussa Bin Beik. C’est ce que me révèle l’HISTOIRE. Et j’y peux rien.
Tout comme l’Histoire me dit que des « cafres » (noirs africains) ont été en Amérique des centaines d’années avant que Christophe Colomb soit né!
Mais de cela, nos livres d’histoire n’en disent pas un mot! Des « cafres » (noirs africains) ont effectivement commercé avec les amérindiens des centaines d’année avant le génois C. Colomb. Il y a des ouvrages, des documents télévisés, et des monuments visibles ce jour au Mexique.
Ouvrages: « They came before Colombus » de Ivan Van Sertima, le journal de bord de Colomb « The Journal »; ou celui de Cortès, qui déclare que Vespucci Ameriqo, son second, atteste avoir vu des africains au loin dans l’Atlantique, retournant en Afrique; « l’Amérique pré-colombienne » de F. Anton Ed. Rencontres Lausanne, etc.
Il s’agit des tribus Mandingues (musulmans) d’Afrique de l’Ouest (voir « Seven African Arabian Wonders of the World » de Dr K.A. Mansour Ed. FAAP (Californie). Mais je ne peux citer ici toutes les sources.
Preuves visibles au Mexique: Musée régional, Vera Cruz: monument négroïde datant des Olmèques; Place du Marché de Tuxtla Santiago, Vera Cruz: Statue basaltique de type négroïde; gravures, motifs, etc, identiques à ceux des Mandingues africains.
J’espère que ces quelques éléments suffisent aux lecteurs, aussi extraordinaire que soit l’information.
Mais retenez de même que les vikings aussi avaient, eux aussi, devancé Colomb sur les territoires de l’Amérique septentrionale, en suivant, au Nord, le 60ème parallèle.
Je terminerai par la plus grosse calomnie, sur le Coran, et donc les principes islamiques. Cela sera TRÈS simple. Il y a 1400 ans que le Coran ne cesse de prôner la libération des esclaves comme un acte de grande piété. Tous les prétextes et le moindre abus des maîtres servaient à l’affranchissement des esclaves. Les esclaves devaient être traités comme un membre de la famille. La sagesse inhérente était une émancipation progressive qui préservât l’ordre et la réadaptation économique conséquente.
La liste des versets concernés seraient trop longue, aussi je n’en mentionne que quelques uns, libre à quiconque de vérifier: Chap. 45:vers.5, chap.2:177, 24:33, 40:13, 4:94, 5:91, 4:29, 24:32.
Le meilleur des croyants est le plus pieux, clame le Coran.
Point de distinction de race ou de rang en Islam.
L’histoire du fameux appel à la prière, l’Azaan, geste que répète, aujourd’hui, les musulmans sur les 5 continents, est éloquent: il fut ordonné par le prophète à un noir abyssinien, Bilhal, l’honneur de le faire pour la première fois dans l’Islam naissant.
Le fils adoptif du prophète Mohammad (Paix sur lui) fut un esclave noir affranchi: Zaïd.
L’épopée de l’Islam est jalonnée de faits de ce genre, et sont bien connus et reconnus. Aussi je n’insisterai pas plus sur cette fraternité prônée par l’Islam.

Mais ce n’est pas chercher des boucs émissaires que d’évoquer l’Histoire.
Je n’ai pas écrit l’Histoire, mais je la livre telle quelle, sans ses fards habituels, pour que tous, moi y compris, nous puissions y tirer une leçon.
Pour ne pas être taxé d’anti-occidental, je donnerai mon point de vue personnel sur la question. Sans vouloir se circonscrire au passé, il convient d’y puiser des enseignements pour éviter, pour le bien-être moral et physique de tous, que les erreurs du passé ne se répètent jamais plus. Et comment résoudre l’équation sans passer par une information impartiale sur les faits?
L’esclavage physique est fini, la liberté de marcher et bouger, sans ressentir la sinistre friction et bruit d’ancestrales chaînes, est une réalité bien actuelle. Oublions le passé. Prenons maintenant garde à l’esclavage mental, véritable caméléon.

Mohammad Amine ALIBHAYE